13 - Ludwig van Beethoven

Il a le front orageux, le regard furieux des grandes âmes sombres et lumineuses.

Ses cheveux sont des flammes. Ses sourcils de la cendre. De sa gorge rude sortent des grognements d’ours. Sur ses tempes, des flots d’amertume.

Ses larmes lui ressortent par les oreilles.

Cet animal est sourd. Pourtant son ouïe débile est un temple.

En lui, la folie du génie. La maladresse de l’idiot. L’allure du bohémien.

Il a l’avachissement du vieillard mais la hauteur de l’enfant. Avec ses trompettes dans le coeur, son tambour dans la tête et ses cordes sous la semelle, il va, sensible à la brise, attentif à la tempête, imperturbable.

Asocial, il est à l’écoute des murmures de la pluie, du chant des chats de gouttières, des cris de chouettes et de l’infini. Sa surdité le rend spectral, bestial, humain.

Auguste vagabond, il erre quiètement sous la Lune. A la ville il est pastoral. En pleine campagne il rêve de gloire.

Et face au public, devient gauche.

Il mène son monde à la baguette mais est incapable de se gouverner pour les choses domestiques. C’est une ombre vaste et solennelle qui adoucit les siècles et fait gronder les étoiles.