11 - Sarah Gastard

Je voyais le fond de la mer dans ses yeux noirs et la légèreté des étoiles sur son front pâle.

Elle avait la beauté triste et sereine des sirènes un peu grasses. Sarah était un océan de misère et de merveilles mêlées. Pour la résumer : un gros poisson qui nageait dans l’azur.

Ses charmes banals et ses névroses mystiques la rendaient aussi terne que séduisante, entre chienne mordante et princesse léthargique. Ses lèvres étaient une moue permanente dédiée aux choses de la poésie, aux morues du grand large comme aux cimetières des petites causes.

Cette pauvre créature incarnait une riche idée de la Création.

Lourde, laide, lente, molle, elle brillait telle une limace orange sur fond de boue. La bave de son coeur reflétait l’or de son âme : des mots purs, idéaux, extrêmes et délicieusement douloureux.

Sa tête morne dégageait des airs éclatants. Parce qu’elle appartenait à une chimère, elle me refusait sa flamme mais me destinait ses appas. Manière détournée de joindre nos cerveaux en éruption...

Calculatrice mais néanmoins conciliante, l’intelligence et la sensibilité la faisaient chavirer.

Je suis monté très haut pour un sourire de Sarah et elle est descendue jusqu’à mes pieds pour venir pleurer son amour flasque de méduse.

C’est que la vache marine aimait se faire passer pour... une vache marine.

Sarah naviguait dans ses larmes, elle est repartie loin de ma rive.

Il m’arrive parfois d’attendre désespérément le retour de cette écume.

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